Les plantes nous parlent?
Cognition et inconscient
Question à 100 000€ d'Isabelle à propos des ateliers « voyages sonores » avec les esprits des plantes:
"Quand on voyage avec elle, ce à qui on parle c'est son esprit ou juste notre inconscient à qui on donne une voix de plante?"
Réponse
Il y a beaucoup de mystères dans la nature et face à cette immense création de l’univers je sais que je ne sais rien.
Par contre, je sais que si j’invoque l’esprit des plantes à travers les chants Icaros et que dans la salle on perçoit une atmosphère nouvelle, il s’agit de l’esprit des plantes que j’appelle.
J’ai appris à les rencontrer et à œuvrer avec elles lors de très longs apprentissages pour les rencontrer sur un même plan. Pour les rencontrer vraiment il faut créer un cadre qui permette ce dialogue. Ce cadre permet de syntoniser ces deux espaces, celui des plantes et celui des hommes.
Comme je le dis dans mes conférences, les plantes poussent très lentement et n’ont pas tout à fait les mêmes espace-temps. On a tendance à croire qu’une plante est un organisme vivant inerte, qui pousse de manière mécanique vers la lumière alors qu’elle réagit, qu’elle est dynamique, qu’elle s’adapte. Il suffit de prendre une vidéo en accéléré pour se rendre compte que son mouvement est presque animal. Dans la tradition amazonienne, on dit qu’il faut minimum 3 mois pour rencontrer vraiment un arbre.
Si j’explique cela, c’est pour mieux répondre à ta question : la plante est un être intelligent avec lequel on peut rentrer en relation et je vais développer ça. Pour ta question, je crois qu’on parle à la plante, elle nous parle et notre inconscient nous parle...
Les plantes et leurs essences savent s’adapter face à un environnement auquel elles doivent survivre (prédation avec les insectes, les animaux, la concurrence végétale face à la lumière, etc.) .
Ce sont des maîtresses absolues de l’adaptation... étant fixes et enracinées, elles n’ont pas d’autres choix que de transmuter et solutionner les problèmes. Nous, humains et animaux, nous pouvons les fuir ou les contourner...
Cette intelligence dans leur règne s’étend aussi à une vie sociale. Elles ont développé toute une adaptation qui est très complexe et très raffinée.
Cette capacité de réaction et d’adaptation, elles peuvent le transmettre à l’humain quand elles quittent un plan pour passer à un autre. Ainsi, elles offrent un flux directionnel et harmonisant à travers la cognition de l’être humain. Elles savent glisser dans un espace, c’est à dire un autre support ou un autre terreau pour continuer, dans un flux d’énergie cinétique, à poursuivre avec cohérence leur élan vital. En gros, elles continuent à s’adapter à leur nouveau milieu qui est ici le psychisme humain.
Ce n’est pas évident pour moi d’expliquer ce phénomène avec le mental. Je préfère le faire sentir à travers mes ateliers ou en parler de vive voix, c’est plus fluide pour moi.
En Amazonie, le mode d’apprentissage passe par la diète qui permet cela. La sève fraîche est extraite du tronc ou de l’écorce de la plante pour être administrée dans un organisme purifié, épuré et préparé. C’est le cadre d’apprentissage de la diète amazonienne chez les guérisseurs végétalistes qui permet à la plante fraîche une circulation sans aucun obstacle puisque son hôte s’est mis en condition, en réception et en accueil pour cela.
De cette symbiose naît une alliance, une adaptation, une direction. Comme si la plante était une tutrice et qu’elle partageait à travers son essence, sa force et son intelligence d’adaptation.
Cette intelligence passe par le psychisme de l’apprenti, par sa cognition et entre en dialogue avec l’hôte à travers des symboles, des codes ou des images. Ces codes ou ces images correspondent à des références mémorielles. Ils se manifestent en rêve, en vision, en sensations, en odeurs, en pensées persistantes. Par exemple, je rêve d’une personne qui pour moi dans mon inconscient représente cela... (une histoire, une ambiance, une texture, une douleur ou un bonheur, un conflit ou le souvenir d’une solution, etc.)
La plante à travers le rêve ou la vision lucide dans le voyage avec elle, tout comme l’inconscient, nous donne le tableau de la situation intérieure. C’est comme une carte météo, sauf que là, à la différence du rêve ou du monde de l’inconscient en général, la plante œuvre vers une vraie dynamique de solution et d’harmonisation.
La recherche scientifique prouve par un tas d’expériences que celle-ci ressent des pics de stress face à des agressions, on le voit avec un électroencéphalogramme. La plante réagit avec intelligence quant à la résolution des problèmes. Je développe tout cela dans mes conférences.
Face à notre réalité émotionnelle, elles enclenchent une dynamique d’allègement de ce qui encombre l’individu psychiquement.
Elle offre à dissoudre, à alléger l’inconscient dans ce qu’elle propose à travers cette symbiose homme/plante.
Évidement, la personne a toujours le choix de résister ou de s’ouvrir à ce changement.
Lors de ma diète d’une plante nommée l’ajo-sacha (l’ail de la forêt), j’ai pu observer que l’ajo-sacha s’était manifesté sous une forme particulière. Dans ma vision, elle prenait l’apparence d’un médecin spécialiste en biologie ortho-moléculaire avec qui je travaillais à une certaine époque. Sous cette forme, elle se présentait devant une étagère où justement elle était vendue en gélules dans une large gamme de plantes d’Amazonie. Je n’avais pas porté beaucoup d’attention à cette plante lorsqu’elle était vendue dans le magasin. Or, des années plus tard, j’ai lu le livre d’un ethnobotaniste qui parle dans un de ses livres des représentations indigènes de la personnification des plantes. Il explique que telle plante se manifeste en vision de telle façon, sous le visage de, et justement, que l’ajo-sacha a tendance à se manifester sous la forme d’un médecin européen.
Alors voilà, il y a bien du mystère à travers tout ça.
Ce qui est sûr c’est que mon expérience avec les plantes sur de très longues durées en Amazonie m'a montré à quel point elles sont intelligentes et vivantes.
Quand on voyage avec elles, je pense qu’on parle avec les deux : avec son esprit qui passe par le canal de notre inconscient et avec notre esprit. Un dialogue entre deux règnes, végétal et animal.
Dans le dialogue avec un animal, une grosse partie de la communication est non verbale. il y a plein d’autres capteurs d’informations. On dit que c’est télépathique. C’est un langage qui passe plus en "pensée-image", finalement un peu comme les plantes.
Notre psychisme humain et le fluide vital intelligent des plantes communiquent et ça crée une relation évolutive.
-Est-ce que les plantes ont une intention? Est-ce qu'elles harmonisent le psychisme humain parcee que le végétaliste les oriente à ça ou parce qu'elles en ont envie?
Les plantes sont ce qu’elles sont et c’est leur nature de tendre vers l’harmonie, donc en buvant leurs essences elles agissent naturellement dans ce sens.
Si ça passe par les flux du chant Icaros, il y a l’esprit naturel de la plante qui agit et il y a l’intention du végétaliste qui donne et accentue la direction. Ça fait partie de son travail. De par ses diètes d’apprentissage, il a été formé à orienter le flux des plantes localement. Il œuvre comme un chef d’orchestre avec de multiples essences afin d’exécuter une tâche dans son art de guérisseur et puis il y a aussi en parallèle le fait de les laisser faire. La partie autonome et la libre action de la plante s’occupe du reste. Et à cet endroit-là, dans un profond lâcher prise on laisse œuvrer le grand mystère.
Dans la pensée autochtone, les plantes (arbres, lianes, fougères, etc. ) sont nos grands-pères et nos grands-mères (cf. article « Le monde vert : les végétalistes et hierbateros»). Elles sont bienveillantes et ne peuvent s’empêcher de venir à notre aide, nous les humains qui sommes leurs petits enfants.
Les indiens d’Amazonie disent à travers leur cosmogonie que les plantes ont enfanté les humains comme des fruits parce qu’elles ont bien voulu leur donner vie et qu’ils remplissent aussi leurs fonctions dans l’écosystème. Nous serions une extension des arbres.
A travers l’histoire de l’apparition de la vie cela se tient.
La première forme de vie, les bactéries, ont donné naissances aux cyanobactéries, les algues bleues, ancêtres du règne végétal. Puis certaines plantes ont commencé à muter vers une branche qui a créé des organes pour se mouvoir et avaler d’autres plantes... avec le temps leur système chlorophyllien n’ayant plus d’utilité ont disparu et ça a donné naissance à la branche animale.
Par les faits, nous sommes quelque part les descendants des plantes. Et, elles ont acquis des millions d’années d’évolution avant la naissance de l’humain. Les plantes gardent par conséquent de très grandes longueurs d’avance en matière d’intelligence et d’expériences d’adaptation. La forêt primaire est la forme d’aboutissement ultime de développement et d’harmonie. C’est un écosystème global qui a atteint une certaine forme de perfection.
Nicolas Ménager
* Exemples:
-une forêt de mélèzes aux Etats-Unis menacée par une invasion de punaises qui réussit à métaboliser une molécule rapidement afin de stériliser son prédateur.
-le fameux exemple des mimosas qui une fois attaqués par des herbivores, modifient leurs feuilles pour les rendre toxiques et non comestibles et réussissent à prévenir avec des molécules volatiles leurs congénères sur un rayon de 2kms. Une fois le prédateur écarté, ils retrouvent leurs feuilles comestibles...
Il y a plein d’autres exemples à développer mais ce n’est pas le sujet.
Merci à l'artiste Juan Carlos Taminchi pour les images magnifiques